Les anges rebelles (en cours)
Les anges rebelles, ces apatrides chassés du ciel, coupés de leur filiation, ont vu leurs corps même - chez Bruegel l'ancien et d'autres - privés de leur identité. Des monstres en somme, fruits d'un rejet et d'une violence inouïe.
Mon frère est de 15 ans mon cadet. Enfant, je l’accompagnais dans ses premiers pas, ses premières impressions du monde. Il y avait une confiance et une complicité entre nous que seuls peuvent partager des frères.
Puis nous avons grandi et entrepris chacun à notre tour de devenir des hommes. Or personne ne nous avait montré ce qu'était être un homme. Dans notre univers, il n'y avait aucune figure masculine qui puisse nous servir de repère. Les hommes, pour nous, n'étaient que des figures violentes et obscures dont il fallait dissiper la mémoire et occulter l'existence. Chassés du paradis.
Confronter à ce vide et à ces images inondées d'angoisse, je me demandais quel homme voudrait devenir mon frère, quel homme le monde ferait de lui.
Alors j’ai voulu lui transmettre ces photographies, représenter une masculinité qui cherche sa propre intimité et qui doute, lui dire que ce doute signe sa fragilité tout autant que sa liberté à se réinventer hors des schémas et des images qui ont façonné puis anéanti des générations d’hommes avant nous et desquelles nous avons la chance de ne pas être les fils.